samedi 3 avril 2010

SUNA NO ONNA (Hiroshi Teshigahara, 1964)

"La femme des sables" est la deuxième collaboration entre le réalisateur et l’écrivain Kôbô Abe. Rompant avec l’héritage des aînés (Ozu, Kinoshita), le film s'inscrit dans un courant d'avant-garde initié au début des années soixante.
Visuellement d'abord, il s'inspire de deux artistes, deux mouvements : Fumio Kamei (grand réalisateur de documentaires japonais) pour la minutie quasi-documentaire ; son père, Sofu Teshigahara, grand maître de l’ikebana (l’art de l’arrangement floral), pour le sens de l'esthétique. Parallèlement, la musique expérimentale de Toru Takemitsu qui entremêle cordes plaintives et autres sonorités dissonantes brouille les frontières entre rêve et réalité.
"Suna No Onna" est une œuvre mystérieuse et sensorielle absolument fascinante.

THE OMEGA MAN (Boris Sagal, 1971)

Vaguement basé sur le "I Am Legend" de Richard Matheson, ce survival ne présente absolument aucun intérêt.

vendredi 2 avril 2010

JAWS (Steven Spielberg, 1975)

Oubliés son directeur mercantile, son étiquette de premier blockbuster : aujourd'hui "Les dents de la mer" doit être jugé comme un film de série B. Alors certes son requin pataud a passablement vieilli. Reste qu'avec une mise en scène diablement efficace et des acteurs au diapason (Roy Sheider en chef de file), il domine de la tête et des nageoires ses concurrents qui, depuis 35 ans, même avec l'avènement des effets numériques, continuent à se casser les dents.

CRONACA DI UN AMORE (Michelangelo Antonioni, 1950)

Ce premier long métrage d'Antonioni est étonnamment bavard. Plus tard le réalisateur italien ne s'embarrassera pas d'autant de dialogues et transcendera l'incommunicabilité des personnages purement et simplement par leurs silences. On doit peut être à l'exquise Lucia Bosé, miss Italie 1947, de ne pas céder face à l'ennui qui domine cette austère chronique. À réserver aux inconditionnels du maestro.

jeudi 1 avril 2010

COSA AVETE FATTO A SOLANGE ? (Massimo Dallamano, 1972)

Ce giallo germano-italien se présente essentiellement comme une enquête policière sous forme de devinette : "Mais qu'avez vous fait à Solange ?". Pourtant, nulle allusion à Solange dans la première heure du métrage. Auparavant, une mise en scène habile aura brouillé les pistes qui mènent à l'identité et aux motivations d'un meurtrier au modus operandi particulièrement obscène. Soutenu également par des acteurs inspirés et par la jolie photographie d'Aristide Massaccesi alias Joe d’Amato, Dallamano signe ici un giallo de très bonne facture.

mercredi 31 mars 2010

FROM BEYOND (Stuart Gordon, 1986)

Le trio d'acteurs Jeffrey Combs, Barbara Crampton (tous deux déjà présents dans l'excellent "Re-Animator" du même Gordon), Ken Feree (du non moins classique "Dawn of the Dead" de Romero) fonctionne bien ; le bestiaire lovecraftien s'anime de façon convaincante grâce à des effets spéciaux réussis. Dans son genre le film divertit comme il faut. Mais le script médiocre et le manque d'entrain n'en font pas un classique vers lequel on reviendra.

L'ALDILÀ (Lucio Fulci, 1981)

Fulci a dit : « Mon idée était de faire un film définitif comportant toutes les horreurs du monde. C'est un film sans intrigue qui n'obéit à aucune logique, juste une succession d'images. »
Jusqu'au-boutiste, le directeur italien réussit son pari : acteurs exécrables, effets spéciaux miteux (entre deux expériences du "petit chimiste" on agite deux araignées en plastoc...), bande-son bordélique. C'est un nanar indéfendable.

mardi 30 mars 2010

IBUN SARUTOBI SASUKE (Masahiro Shinoda, 1965)

Japon, 1600 : les deux plus grands seigneurs de la guerre, Hideyoshi et Tokugawa, sont sur le point de se livrer une ultime bataille pour le contrôle du pays. Seul le seigneur Sanada n'a pas encore choisi son camp : il a chargé Sarutobi, ninja surnommé "le singe volant", et neuf autres espions de son clan, d'observer la situation avant de se décider. Sarutobi va être mêlé, malgré lui, à l'impitoyable guerre des espions que se livrent les deux rivaux historiques.
"L'étrange histoire de Sarutobi Sasuke" se distingue par une intrigue complexe, un héros singulier, un noir et blanc profond et contrasté avec des décors naturels somptueux (collines, pont suspendu….) et une scénographie des combats assez théâtralisée, qui confèrent à l’ensemble une esthétique magnifique, loin des images ultra réalistes de certains réalisateurs contemporains de Shinoda.
© http://www.wildside.fr

dimanche 28 mars 2010

I... COMME ICARE (Henri Verneuil, 1979)

Comment veut-on nous faire gober que la première enquête – aussi bâclée fut-elle – ait pu passer sous silence des indices que la seconde – un an après – récolte à la pelle ? Truffé d'invraisemblances, ce thriller boiteux ne tient debout que par endroits, heureusement beaucoup mieux soignés (l'expérience de Milgram, l'examen balistique, le crochetage de la serrure et cætera) et n'échappe qu'in extremis au sort d'Icare.

KOYAANISQATSI (Godfrey Reggio, 1982)

Par une interprétation naïve et prétentieuse de prophéties extraites d'une culture inconnue de la majorité d'entre nous, ce collage racoleur de séquences vidéos adresse à la masse un message aussi simpliste que sa musique. Dénouement infâme.

CRUMB (Terry Zwigoff, 1994)

Documentaire psychanalytique sur Robert Crumb, dessinateur américain qui joua un rôle majeur dans la genèse du comics underground dans les années soixante, "Crumb" puise sa force dans la véracité que son réalisateur a obtenu au prix de six ans de tournage. Résultat : un diamant brut d'une heure et demie incroyablement drôle où l'auto-dérision dissimule à peine le mal-être de ces marginaux.
D'une rare intelligence, le montage qui alterne les interviews de l'entourage du cartooniste et les extraits de son immense production rend le propos limpide. Un film dense et passionnant.