samedi 29 mai 2010

THE RED SHOES (MICHAEL POWELL & EMERIC PRESSBURGER, 1948)

Ce conte cruel à la mise en scène inventive qui atteint au sublime lors de la longue séquence du ballet "Les chaussons rouges" souffre du jeu inégal des trois acteurs principaux (bien que leurs personnages soient plutôt bien écrits). Moira Shearer danse bien mais n'émeut pas beaucoup ; à la mort de la ballerine, on se demande qui, de Marius Goring en gare ou de Anton Walbrook sur scène, réalise la prestation la plus lamentable. Enfin comment ne pas regretter que le scénario n'ait pas suivi le dénouement du conte d'Andersen qui voit la jeune fille obtenir du bourreau qu'il lui coupe les pieds. Enfin, le spectacle est quand même diablement envoutant.

MULHOLLAND DR. (David Lynch, 2001)

Frustré de voir capoter son projet d'une nouvelle série TV (après le succès de l'excellent Twin Peaks), Lynch accepte la proposition de Studio Canal de torcher un long-métrage à partir du pilote boudé. Résultat : une pastissade nauséeuse, une fumisterie même pas drôle qui bernera plus d'un spectateur. "Mulholland Drive" ou pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué...

jeudi 27 mai 2010

THE SECRET OF KELLS (Tomm Moore, 2009)

Visuellement flamboyant, "Brendan et le secret de Kells" brode une histoire balisée autour du livre de Kells, manuscrit illustré de motifs ornementaux et réalisé par des moines de culture celtique vers l'an 820 considéré comme un chef-d'œuvre du christianisme irlandais et de l'art irlando-saxon. Un spectacle à la hauteur pour les enfants et pour les adultes qui auront su en garder l'âme.

mercredi 26 mai 2010

BOB LE FLAMBEUR (Jean-Pierre Melville, 1956)

Après un début un peu terne, "Bob le flambeur" monte crescendo en puissance et devient passionnant dès lors que tous les personnages sont entrés en scène et que le coffre du casino de Deauville exerce son attraction. Les acteurs plus inspirés trouvent enfin le ton juste et bonifient les dialogues délicieusement désuets. Melville maîtrise son sujet et, malgré ses quelques défauts, ce polar dégage une grande sympathie.

LE BOUCHER (Claude Chabrol, 1970)

Plutôt bien ficelé, "Le boucher" réussit surtout une jolie peinture d'un petit village de campagne. Servis par de bon dialogues, Jean Yanne (très bon) et Stéphane Audran parviennent à émouvoir. Mais leurs personnages manquent de profondeur. Pourquoi le boucher se mue-t-il en meurtrier ? La vision des horreurs de la guerre, soulignée avec des gros sabots, n'explique pas tout. Pourquoi l'institutrice s'entête-t-elle à rester chaste ? L'argument de la déception amoureuse ne convainc pas. Faute d'une psychologie fouillée, le propos du film sonne creux. C'est dommage.

lundi 24 mai 2010

LO STRANO VIZIO DELLA SIGNORA WARDH (Sergio Martino, 1971)

Pas terrible ce "L'étrange vice de Madame Wardh" pourtant souvent cité par les fanas du genre : interprétation très médiocre, mise en scène brouillonne et dénouement qui paraît improvisé. Il faut dire que le vice de Martino, lui, n'a rien d'étrange : il préfère les fesses et les seins aux assassins. Alors est-il nécessaire de se taper un giallo rasoir pour mater des femmes à poil ? Au spectateur de trancher...

LA CODA DELLO SCORPIONE (Sergio Martino, 1971)

"La queue du scorpion" présente une enquête assez convenue sur fond d'arnaque à l'assurance, résolue de façon peu crédible (rétrospectivement ce qu'on nous a montré n'est pas logique). Malgré tout, bien joué et mis en scène avec rythme, le giallo pouvait encore prétendre à une place au panthéon du genre. Malheureusement, le final bâclé sur l'île grecque vient ruiner les espoirs (solution révélée de but en blanc, apparition "magique" de la police sur l'escarpement rocheux...). Avec "Lo strano vizio della Signora Wardh", Martino a fait deux films médiocres dans la même année. N'aurait-il pas pu se raisonner à n'en faire qu'un seul mais bon ?

dimanche 23 mai 2010

BRAZIL (Terry Gilliam, 1985)

Force est de constater que Gilliam n'a pas fait mieux depuis ce film qui faillit s'appeler "1984 ½" : "Brazil". Peut être le réalisateur, généreux à l'excès, a-t-il trop puisé dans les ressources de son univers ? Des innombrables références artistiques, littéraires en premier lieu (Kafka, Orwell...), cinématographiques et picturales, résulte une œuvre foisonnante et presque intarissable. Les détracteurs reprochent une certaine vétusté. « La technologie de Brazil ne fonctionne peut-être pas, mais elle correspond à l'époque et a une signification. » se défend Gilliam. Baroque, post-moderne, néo-expressionniste, "Brazil" décrit un univers sombre, oppressant sans oublier d'être souvent très drôle (immense Jonathan Pryce).